Dans le cadre de ses actions de recherche au sein du projet APPOLINE (GESSIPOL – Gestion intégrée des sites pollués- ADEME 2014-2017), ELISOL environnement a étudié l’effet de pollutions sur le fonctionnement biologique des sols par l’analyse de la nématofaune du sol.
En plus des études menées sur des sites expérimentaux, l’équipe d’ELISOL a également réalisé, en collaboration avec des chercheurs de l’INRAE, une étude bibliographique qui a abouti à la publication d’un article scientifique en décembre 2020 : « Les nématodes du sol comme indicateurs de la pollution par les métaux lourds: une méta-analyse »*.
Voici le résumé de cette publication :
Les nématodes sont utilisés comme bio-indicateurs de la qualité du sol depuis plus de 20 ans et se sont avérés avoir un bon potentiel pour évaluer l’impact de la pollution par les métaux lourds sur le sol. Ils renseignent sur l’état biologique des sols et peuvent révéler des dysfonctionnements liés à la présence de contaminants. Dans le cas d’une contamination par plusieurs polluants, les bio-indicateurs peuvent révéler des effets toxiques synergiques (ou «effets cocktail») sur les organismes vivant dans le sol, des impacts qui ne sont pas révélés en mesurant individuellement chaque polluant.
Les effets des métaux lourds sur les communautés de nématodes ont été étudiés par de nombreux chercheurs internationaux ; toutefois la réalisation d’une synthèse de ces données était nécessaire pour l’identification des paramètres nématofauniques sensibles à ces pollutions afin de les sélectionner et de pouvoir les utiliser dans le cadre de la réalisation de diagnostics par les gestionnaires de sites pollués.
Pour contribuer à combler ce manque, cette méta-analyse a été réalisée exploitant les résultats de 37 études menées dans différents pays afin de révéler les tendances générales de l’effet de pollutions par les métaux lourds sur les communautés de nématodes et les indices nématofauniques. Sur la base du niveau de contamination de chaque métal et en utilisant des valeurs seuils toxicologiques connues, quatre classes de contamination ont été définies pour classer les sols pollués par les métaux lourds : concentration normale (c0), faible contamination (c1), forte contamination (c2) et contamination très élevée (c3).
Les paramètres nématofauniques les plus sensibles, montrant une forte relation avec le niveau de pollution du sol, sont, les abondances des nématodes des groupes trophiques suivants : phytophages, bactérivores et omni-prédateurs, l’empreinte de structure de la communauté, l’empreinte métabolique de la communauté totale des nématodes du sol ainsi que la richesse taxonomique: tous ces paramètres diminuent avec l’augmentation contamination. Par contre, les résultats ont montré que les nématodes fongivores étaient relativement insensibles à la contamination métallique du sol.
*Chauvin, C., Trambolho, M., Hedde, M., Makowski, D., Cérémonie, H., Jimenez, A. and Villenave, C. (2020) Soil Nematodes as Indicators of Heavy Metal Pollution: A Meta-Analysis. Open Journal of Soil Science , 10, 579-601. https://doi.org/10.4236/ojss.2020.1012028